mercredi 25 novembre 2015

Loreena McKennitt - Nights From The Alhambra (2007)

Loreena McKennitt Nights From The Alhambra
Loreena McKennitt -
Nights From The Alhambra (2007)
Un concert de Loreena McKennitt, c'est toujours un moment magique. Mais quand la grande prêtresse des Celtes réunit une poignée de fidèles dans un lieu aussi chargé d'histoire que le palais de Charles Quint à l'Alhambra (Grenade - Espagne), la représentation se mue en une véritable cérémonie mystique.

Du morceau d'ouverture, le si bien nommé The Mystic's Dream (The Mask And Mirror, 1994) à Cymbeline (The Visit, 1991), dernier titre interprété en rappel, en passant par She Moved Through The Fair (Elemental, 1985) héritage de l'ancien temps des Celtes, ainsi que par un Caravanserai (An Ancient Muse, 2006) aux sonorités plus orientales, Loreena McKennitt revisite tous les moments forts de son répertoire durant plus d'une heure trente.

Elle profite donc de se laps de temps pour donner une nouvelle vie à ses chansons, dont certaines sont nées il y a plus de vingt ans. Les douze musiciens (apôtres ?) autour d'elle, comme envoûtés par cette voix exceptionnelle, livrent une prestation d'une beauté sans nom, aux frontières du sacré. Tout au long de la cérémonie, Loreena jongle entre sa harpe traditionnelle, son accordéon dynamique et son piano mélancolique. A ses côtés, se tiennent ses vieux compagnons de route parmi lesquels la violoncelliste Caroline Lavelle, le guitariste Brian Hughes, authentique chef d'orchestre, ou bien le violoniste Hugh Marsh, flamboyant sur Santiago. Qanûn, lyre et oud sont, quant à eux, joués par des musiciens d'origine grecque (Panos Dimitrakopoulos, Sokratis Sinopoulos) ou arménienne (Haig Yazdjian).

Ce concert, donné en septembre 2006, est également l'occasion de découvrir un titre rare du répertoire de la chanteuse, Raglan Road. Disponible, jusqu'alors, uniquement sur quelques pressages d'An Ancient Muse, les paroles de cette chanson sont extraites d'un poème publié en 1946 par Patrick Kavanagh, fameux écrivain irlandais. Quatre mots la résument : voix, piano, violoncelle, émotion. Autre moment fort du spectacle, la version mémorable de The Old Ways empreinte d'une nostalgie portée à la fois par le chant haut perché de Loreena, le violoncelle grave de Caroline Lavelle et le violon transcendantal d'Hugh Marsh. 

Nights From The Alhambra est incontestablement une des plus belles pièces de l'artiste canadienne. De plus, publiée sous forme de coffret, elle privilégie l'image (DVD) et le son (2 CD). S'il nous fallait en conserver une seule, sans la moindre hésitation, ce serait cette œuvre.  

Musiciens


Loreena McKennitt : chant, piano, accordéon, harpe

Tal Bergmann : batterie, percussions
Panos Dimitrakopoulos : qanûn
Nigel Eaton : vielle
Steáfán Hannigan : uilleann pipes, bodhran, percussions
Brian Hughes : guitares, oud, bouzouki
Tim Landers : basse
Caroline Lavelle : violoncelle
Rick Lazar : percussions
Hugh Marsh : violon
Donald Quan : alto, claviers, tabla
Sokratis Sinopoulos : lyre
Haig Yazdjian : oud

Titres


1.01. The Mystic's Dream
1.02. She Moved Through The Fair
1.03. Stolen Child
1.04. The Mummer's Dance
1.05. Penelope's Song
1.06. Marco Polo
1.07. The Bonny Swans
1.08. Dante's Prayer
1.09. Caravanserai

2.01. Bonny Portmore
2.02. Santiago
2.03. Raglan Road
2.04. All Soul Night
2.05. The Lady Of Shalott
2.06. The Old Ways
2.07. Never-ending Road (Ahmrán Duit)
2.08. Huron 'Beltane' Fire Dance
2.09. Cymbeline

samedi 21 novembre 2015

Lisa Gerrard & Pieter Bourke - Duality (1998)

Lisa Gerrard Pieter Bourke Duality
Lisa Gerrard & Pieter Bourke -
Duality (1998)
Certains albums marquent plus que d'autres. Duality est de ceux-là. Fruit de la collaboration entre l'ancienne chanteuse de Dead Can Dance, Lisa Gerrard, et le percussionniste australien Pieter Bourke, ce disque peut être considéré comme le second opus solo de la fascinante mezzo-soprano. 

Pieter avait déjà collaboré sur le premier, The Mirror Pool (1995) en tant qu'invité, aux percussions et à quelques chœurs. Puis, il avait accompagné Dead Can Dance sur scène lors de leur tournée suivant la sortie de Spiritchaser (1996). Six semaines après la fin de celle-ci, Lisa l'a contacté par téléphone lui proposant de participer à son nouveau projet musical. Au fil du temps, son implication n'a cessé de se développer, et, de simple intervenant aux percussions, il est devenu coauteur, coproducteur et ingénieur du son du nouveau disque. D'où le choix du titre, Duality, synonyme dans l'esprit des deux artistes d'une entière communion d'esprit, et l'indication de son nom au côté de celui de Lisa sur la pochette. 

Ce petit dernier s'inscrit dans la continuité des derniers albums de Dead Can Dance, Into The Labyrinth (1993) et le déjà cité Spiritchaser. Seule manque la voix masculine si particulière de Brendan Perry. Les influences pour l'essentiel tribales et orientales dominent largement l'ensemble de l'œuvre. Le duo a même fait appel à Madjid Khaladj, célèbre percussionniste iranien vivant à Paris, pour l'aider à la composition de Tempest. Madjid a sorti plusieurs albums de musique traditionnelle iranienne devenus des références en la matière.

Deux titres se détachent nettement des autres. The Human Game, chantée en anglais, ce qui est rare chez Lisa, lui préférant généralement sa propre langue idiosyncrasique, développée depuis l'âge de douze ans. Cette chanson malicieuse avec ses cris d'enfants, son chant léger, son riff répétitif bascule soudainement dans le tragique sur sa fin, lors de la subite montée en puissance du chant de la diva qui rompt ce climat léger et laisse s'installer une menace quasi-imperceptible, mais bien présente.

Sacrifice est une glossolalie évoquant la souffrance des morts tombés au combat. Elle exprime toutes les tortures, toutes les souffrances auxquelles ils ont dû faire face et qu'ils continuent à subir dans l'au-delà. C'est assurément l'une des ses plus belles pièces musicales à laquelle elle donnera une sorte de suite, Devotion, publiée huit ans plus tard sur The Silver Tree (2006). 

Musiciens


Lisa Gerrard : chant, claviers
Pieter Bourke : percussions, claviers

Titres


01. Shadow Magnet
02. Tempest
03. Forest Veil
04. The Conforter
05. The Unfolding
06. Pilgrimage Of Lost Children
07. The Human Game
08. The Circulation Of Shadows
09. Sacrifice
10. Nadir (Synchronicity)

vendredi 20 novembre 2015

Lisa Gerrard - The Silver Tree (2006)

Lisa Gerrard The Silver Tree
Lisa Gerrard - The Silver Tree
(2006)
Inutile de présenter Lisa Gerrard, ancienne chanteuse du groupe culte Dead Can Dance. En 1995, elle a entamé une carrière solo prometteuse avec le sublime The Mirror Pool. Séparée de son label historique 4AD, elle revient en 2006 avec un nouvel album, The Silver Tree, véritable renaissance publiée chez les Australiens de Rubber Records. 

Entourée de Michael Edwards, compositeur de musiques de films, et de Patrick Cassidy avec lequel elle avait déjà collaboré sur Immortal Memory (2004), Lisa Gerrard livre une œuvre splendide d'une noirceur sans précédent. Le design de la pochette, conçu par l'artiste Clive Collier, illustre à la perfection cette atmosphère sombre qui règne sur l'ensemble du disque.

Rien ne vient libérer ce voile opaque porté par les mélopées vibrantes de l'artiste, pas même l'étonnant Space Weaver emprunté au trip-hop de Portishead. Bien que très éloignée de son répertoire habituel, cette chanson nous transcende d'un bout à l'autre avec une tonalité vocale inédite jusqu'alors. 

De même, Towards The Tower, du haut de ses dix minutes, très progressif dans sa structure, déroute complètement par toute cette tension mise en scène dans un rythme à la fois prenant et hypnotique. Durant ses deux dernières minutes, il finit en apothéose en atteignant même le divin.

Il est également question de spiritualité sur Devotion, morceau qui prend littéralement aux tripes. Ce chant mortuaire d'une madone submergée de tristesse semble s'adresser directement à un Dieu lointain devenu soudainement insensible et inaccessible. Elle lui clame sa pitié, lui réclame son aide. Mais, en vain, Il demeure sourd à ses ultimes doléances. Devotion n'est rien d'autre que l'expression du déchirement d'une âme pure désespérée, abandonnée, soumise à d'infinies souffrances.  

The Silver Tree est une œuvre majeure qui, pour en savourer les profondeurs, ne doit pas être abordée à la légère. C'est un moment de recueillement, d'introspection permettant de s'élever. Le minimalisme absolu de la musique, débarrassée de tout superflu, aide à cette quête de spiritualité, guidée au sein des ténèbres par la voix salvatrice d'une Lisa Gerrard métamorphosée en grande prêtresse mystique devant l'Éternel.

Musiciens


Lisa Gerrard : chant

Titres


01. In Exile
02. Shadow Hunter
03. Come Tenderness
04. TheSea Whisperer
05. Mirror Medusa
06. Space Weaver
07. Abwoon
08. Serenity
09. Towards The Tower
10. Wandering Star
11. Sword Of The Samurao
12. Devotion
13. The Valley Of The Moon

mercredi 18 novembre 2015

Loreena McKennitt - An Ancient Muse (2006)

Loreena McKennitt An Ancient Muse
Loreena McKennitt -
An Ancient Muse (2006)
Quand l'Occident rencontre l'Orient, tel aurait pu s'intituler le septième album de Loreena McKennitt, revenue après neuf longues années silencieuses. Finalement, ce sera An Ancient Muse.

Cet album est le fruit d'une quête mystique. La dernière Reine des Celtes est parti sur les routes du monde à la recherches de traces secrètes de ce peuple mystérieux. Son périple l'a conduite sur la Route de la soie, jusqu'en Chine, puis en Mongolie. Les morceaux Caravanserai et Kecharitomene en sont directement inspirés. Elle s'est rendu également en Jordanie, en Turquie, en Grèce où elle a visité des lieux mythiques chargés d'histoire comme Pétra, Istanbul ou Delphes.

Enregistré aux célèbres studios Real World de Peter Gabriel, les neuf titres allient modernité et traditions, traditions orientales (Incantation, The Gates Of Istanbul, Sacred Shabbat), celtes et occidentales (The English Ladye And The Knight aux paroles tirées d'un poème de l'écrivain écossais Walter Scott, Never-Ending Road). Nyckelharpa, qanûn, bouzouki et autres uilleann pipes enrichissent cette musique toujours aussi originale, au même titre que les "traditionnels" guitares électriques et synthétiseurs des temps modernes.

Clairvoyante sur son rôle, Loreena écrivait dans le livret, en 2006 : "Toujours aussi consciente que nous devons assumer le poids du passé et être à l'écoute des leçons que nous enseignent les voix disparues, je maintiens encore l'intime conviction que nous sommes le point culminant de toute l'histoire qui nous précède et que ce qui nous unit les uns aux autres doit nécessairement être plus important que ce qui nous sépare. Aussi, j'entretiens encore l'espoir qu'en aspirant à créer un climat qui encourage l'harmonie et la diversité intégrée, l'ensemble de nos croyances sauront nous guider vers un avenir garant de notre pérennité en respect de la force de vie qui nous anime". 

En cette fin d'année 2015, en France notamment, mais ailleurs dans le monde également, ces mots n'ont jamais sonné aussi juste. Aujourd'hui, plus que jamais, ils prennent tout leur sens et se doivent de résonner en chacun d'entre nous. 

Musiciens


Loreena McKennitt : chant, claviers, accordéon, percussions

Brian Hughes : guitares, vocal drone, bouzouki, oud
Charlie Jones : basse
Tim Landers : basse
Tal Bergman : batterie, percussions
Clive Deamer : batterie
Manu Katché : batterie
Stuart Bruce : percussions vocal drone
Ed Hanley : percussions
Jason Hann : percussions
Rick Lazar : percussions
Hossam Ramzay : percussions
Evangelos Karipis : percussions
Andreas Papas : percussions
Panos Dimitrakopoulos : qanûn
Nigel Eaton : vielle
Ben Grossman : vielle
Steáfán Hanningan : clarinette, uilleann pipes, vocal drone
Georgios Kontogiannis : bouzouki
Caroline Lavelle : violoncelle
Annbjorg Lien : nyckelharpa
Hugh Marsh : violon
Donald Quan : alto, vocal drone
Marco Migliari : vocal drone
Sokratis Sinopoulos : lyre
Haig Yazdjian : oud

Titres


01. Incantation
02. The Gates Of Istanbul
03. Caravanserai
04. The English Ladye And The Knight
05. Kecharitomene
06. Penelope's Song
07. Sacred Shabbat
08. Beneath A Phrygian Sky
09. Never-Ending Road (Amhrán Duit)

dimanche 15 novembre 2015

Moya Brennan - Heart Strings (2008)

Moya Brennan Heart Strings
Moya Brennan - Heart Strings (2008)
Après sept albums en solo, Moya Brennan, chanteuse du célèbre groupe irlandais Clannad, sort, en 2008, son premier disque en public, Heart Strings. Il a été enregistré en octobre 2007 à Liverpool, avec le Royal Liverpool Philharmonic Orchestra, et en novembre de la même année en Allemagne. 

Celle que l'on surnomme, à juste titre, la First Lady of Celtic Music, délivre une prestation de toute beauté. Elle réussit à transporter l'auditeur dans de lointaines contrées celtiques depuis longtemps inaccessibles, au cœur même d'un univers féerique, durant toute l'heure que dure la représentation.

Si l'artiste revisite une grande partie de son répertoire, son dernier album en date, Signature (2006), est le mieux représenté avec, notamment, les deux singles Merry-go-round et No One Talks. D'autres perles plus anciennes sont réactualisées comme Sailing Away de l'album Two Horizons (2003), Perfect Time, ballade irlandaise dans la plus grande tradition que l'on retrouve sur l'album du même nom paru en 1998, ou encore Against The Wind enregistrée pour son premier album Máire en 1992.

Ses années Clannad ne sont pas pour autant oubliées. Alasdair MacColla, peu jouée sur scène auparavant, est extrait de leur album Lore de 1996, et tout le monde a en tête les hits In A Lifetime, à l'origine enregistré en duo avec Bono de U2, et Theme From Harry's Game qui a servi de bande originale au film Jeux de Guerre avec Harrison Ford, en 1992. 

Les musiciens accompagnant Moya sont les mêmes qui ont joué sur Signature. Tous ont réalisé un travail formidable, que ce soit les frères de Barra, Fionán à la guitare et Cormac à la harpe, ou Eamon Galldubh aux instruments à vent (cornemuse irlandaise, flûtes, saxophone). Une mention particulière est réservée au batteur Peter Byrne qui, lors d'une interview, a révélé que ses modèles n'étaient autres que Pete de Freitas du groupe mythique originaire de Liverpool Echo & The Bunnymen, décédé tragiquement dans un accident de moto en 1989 à l'âge de 27 ans, et le grand Mel Gaynor connu pour être un membre éminent de Simple Minds.

Moya Brennan, la dame de trèfle, Barbara Dickson, la dame de pique, Maddy Prior, la dame de carreau et Loreena McKennitt, la dame de cœur, ont toutes quatre en commun une voix magique unique, mais elles maîtrisent également, chacune à sa manière, l'art de faire revivre d'ancienne chansons traditionnelles en les adaptant à notre monde contemporain, sans pour autant leur faire perdre leur âme ancestrale. 

Moya Brennan Heart Strings
Moya Brennan - Heart Strings (2008)


Musiciens


Moya Brennan : chant, harpe

Paul Byrne : batterie, bodhran, percussions
Fionán de Barra : guitare, chœurs
Cormac de Barra : harpe, chœurs
Eamonn Galldubh : uilleann pipes, flûtes, saxophone
Yoshinobu Izumi : basse
Sam Jackson : claviers, chœurs
Sinéad Madden : violon, chœurs

Royal Liverpool Philharmonic Orchestra
Direction : Julie Feeney

Titres


01. Tapestry
02. Perfect Time
03. Mhorag's Na Horo Gheallaidh
04. Alasdair MacColla
05. Molly Fair
06. Sailing Away
07. Gone Are The Days
08. Tune Medley (Eleanor Plunkett, Hobknobs, Father Francis Cameron)
09. I Will Find You
10. Merry-go-round
11. No One Talks
12. In A Lifetime
13. Against The Wind
14. Theme From Harry's Game

vendredi 13 novembre 2015

Barbara Dickson - Time & Tide (2008)

Barbara Dickson Time and Tide
Barbara Dickson - Time & Tide
(2008)
Après la parenthèse Nothing's Gonna Change My World, hommage aux quatre de Liverpool, Barbara Dickson revient, en 2008, avec un nouvel album, Time & Tide, petit frère de Full Circle qui, comme lui, a été produit par l'ami de toujours, Troy Donockley.

Entièrement dévoué à la voix de la chanteuse, Troy l'accompagne, comme à son habitude, avec un nombre impressionnant d'instruments : guitares (électrique et acoustique), flûtes (high et low whistles), uileann pipes, claviers, bodhran et bouzouki. Tous deux ont également convié le multi-instrumentiste américain Pete Zorn (saxophones, percussions, chœurs), le bassiste Brad Lang qui a joué auparavant avec des artistes aussi divers que Robbie Williams, Wishbone Ash, Ute Lemper, Ray Charles ou Roger Hodgson (ex-Supertramp), l'accordéoniste écossais Phil Cunningham et le Néerlandais Frank van Essen (violon, alto, percussions), représentant de la grande famille Iona, au même titre que son prédécesseur Terl Bryant sur Full Circle

Barbara a souhaité que cet album soit un pont entre le passé, le présent et le futur. Pour cela, elle a choisi de réinterpréter un certain nombre de chansons anciennes, de les réarranger grâce à l'aide de Troy afin de leur donner une nouvelle vie et de prolonger ainsi leur longévité. Il est possible de classer en deux catégories les morceaux sélectionnés avec, d'un côté, les vieilles chansons traditionnelles remontant à des temps immémoriaux, ou presque, et, de l'autre, les compositions plus récentes datant du XXe siècle. 

Les chansons traditionnelles sont au nombre de cinq. Lowlands Of Holland, reprise auparavant dans les années 70 par Steeleye Span, ouvre l'album. Rigs O'Rye tient une place particulière dans le cœur de Barbara car c'est la première chanson qu'elle a interprétée à la télévision. Ici, elle est accompagnée par le vibrant violon de Frank. Son interprétation de The Water Is Wide (Oh, Waly, Waly), vieille folk song écossaise devenue un classique, est absolument bouleversante. Avec Dream Angus, un hommage discret est rendu à la grande chanteuse de jazz Annie Ross dont c'était une des chansons préférées. Quant à Lady Franklin's Lament, ballade du XIXe siècle, elle est magnifiée par les chœurs conjuguées des deux chorales d'Ampleforth Abbey.

Quatre titres sont issus du répertoire contemporain. La très belle Disremember Me a été composée par Charlie Dore, actrice, chanteuse et ancienne partenaire musicale de Barbara. Cette artiste a également écrit pour Tina Turner, Céline Dion ou George Harrison. Gerry Goffin et Carole King, célèbres pour avoir placé une cinquantaine de titres en tête du top 40 américain dans les années 60, sont à l'origine de Goin' Back. Cette chanson a déjà été interprétée auparavant par The Byrds, Freddie Mercury, Marianne Faithfull, Phil Collins ou encore Diana Ross ainsi que The Pretenders. Inutile de préciser que la version de Barbara est, de loin, la meilleure... Archie Fisher, chanteur de folk écossais, est l'auteur de Witch Of The Westmerlands, dont l'histoire mélange  à la fois légendes et superstitions anciennes. Barbara  l'avait déjà jouée sur son album From The Beggar's Mantle, en 1971, avec ce même Archie à la guitare. Enfin, le disque se termine par un sourire. A l'origine, Smile était une simple musique de Charlie Chaplin pour son film Les Temps Modernes (1936). Ce n'est qu'en 1954 que deux Anglais, John Turner et Geoffrey Parsons, lui attribuèrent des paroles.

Le neuvième titre, Palm Sunday, est le seul inédit de l'album. Composé à quatre mains par le duo Dickson/Donockley, cette ballade, aux couleurs celtes des plus plaisantes, a tous les atouts pour devenir à son tour un classique dans le répertoire de l'artiste.

Grâce aux arrangements somptueux de Troy, Time & Tide n'est pas une œuvre passéiste. Au contraire, elle est bien ancrée dans son temps, et scrute l'avenir en toute confiance, sans se laisser perturber par une nostalgie envahissante. Tout comme Barbara Dickson qui, du haut de ses quarante années de carrière, se sent entièrement libre dans ses choix artistiques, ce qui lui permet de livrer le meilleur d'elle-même. L'entière communion de ces deux artistes, entourés de talentueux musiciens, a permis à ce nouveau disque d'éclore, puis de se hisser parmi les meilleurs albums de cette grande dame de la chanson britannique. 

Musiciens


Barbara Dickson : chant

Troy Donockley : guitares, uilleann pipes, whistles, claviers, bodhran, bouzouki, chœurs
Pete Zorn : saxophones, percussions, chœurs
Brad Lang : basse, contrebasse
Phil Cunningham : accordéon
Frank van Essen : violon, alto, percussions

Scola Cantorum et Scola Puellarum d'Ampleforth Abbey : chant

Titres


01. Lowlands Of Holland
02. Disremember Me
03. Rig O' Rye
04. Goin' Back
05. The Water Is Wide (Oh, Waly, Waly)
06. Dream Angus
07. Withch Of The Westmerlands
08. Lady Franklin's Lament
09. Palm Sunday
10. Smile

jeudi 12 novembre 2015

Joanne Hogg - Personal (2008)

Joanne Hogg Personal
Joanne Hogg - Personal (2008)
Presque dix ans après son premier album solo, Looking Into Light, Joanne Hogg revient avec Personal, un disque beaucoup plus intimiste. 

Alors que pour le précédent, elle n'avait conservé que son prénom comme nom d'artiste, cette fois-ci, elle signe de son nom complet. Cette assurance affichée se retrouve également dans la direction artistique qui, d'une certaine manière, rompt avec son passé. Ce n'est pas dans la vieille Europe que Joanne a enregistré son disque, ni dans des terres celtiques chargées de spiritualité, mais à Nashville, capitale de la country. Là-bas, notre chanteuse s'est entourée de musiciens de session comme Derri Daugherty, leader du groupe The Choir, ou Chris Donohue, célèbre pour avoir collaboré avec de grandes figures du rock telles que Tom Jones, Emmylou Harris, Robert Plant ou Elvis Costello. Quelques vieux compagnons de routes ont toutefois suivi la chanteuse dans son périple américain : Troy Donockley à la flûte, Frank van Essen aux percussions et Terl Bryant à la batterie.

Sur le plan musical déjà connu, nous retrouvons cette merveilleuse voix unique, mais c'est à-peu-près tout. Pour le reste, nous sommes très loin de l'univers de son groupe Iona, ou, même, de Looking Into Light. S'il fallait absolument rapprocher cette nouvelle œuvre de son travail passé, ce serait avec l'album New Irish Hymns 4 paru en 2005, réalisé avec Margaret Becker et Krisyn Getty.

Les chansons ont toutes été composées par Joanne en six semaines à partir du piano, comme l'illustre si bien la pochette. Les autres instruments se sont ensuite agrégés à cette base musicale lors de l'enregistrement qui a, lui aussi, été très rapide, trois jours environ. Il n'y a pas d'envolée progressive, ni de référence à la musique celtique, à l'exception de Dancing sur laquelle on peut entendre la discrète flûte irlandaise de Troy. En fait, il s'agit plutôt d'une collection de courte ballades évoquant la relation de l'artiste avec Dieu, ses longues réflexions et ses questionnement sur sa foi. Joanne se livre en toute sincérité, comme elle ne l'a jamais fait auparavant, et son chant, teinté de mysticisme, demeure des plus envoûtants sur More, I Felt Sad In Church Today, Waiting ou encore The Fire When You Delay

Dépassant à peine les quarante minutes, le bien nommé Personal présente une nouvelle facette artistique de Joanne Hogg. Cette chanteuse déroutante à généralement l'audace de se trouver là où on ne l'attend pas. que ce soit ici avec ce nouvel album, ou bien dans des bandes-son de jeux vidéos (XenogearsXenosaga) ou avec le jeune pianiste croate Maksim.

Musiciens


Joanne Hogg : chant, piano

Troy Donockley : low whistle
Frank van Essen : percussions
Terl Bryant : batterie
Ken Lewis : batterie
Chris Donohue : basse, guitare acoustique
Jeff Roach : claviers
Derri Daugherty : guitare électrique
Paul Nelson : violoncelle
Lisa Cochran : chœurs

Titres


01. More
02. Forgive Me (Song Of Compassion)
03. O Lord I'm Crying For Help (Psalm 34)
04. Waiting
05. The Fire When You Delay
06. Personal
07. Dancing
08. You Are My Strong Salvation (Psalm 27)
09. I Felt Sad In Church Today
10. Where Is Grace Hiding

mercredi 11 novembre 2015

Iona - Live In London (2008)

Iona Live In London
Iona - Live In London (2008)
Sobrement intitulé Live In London, Iona sort son troisième album en concert en 2008, après Heaven's Bright Sun (1997) et Woven Cord (1999). D'une durée approximative d'une heure quarante, il a été enregistré en novembre 2004, soit deux ans avant la parution de The Circling Hour. Afin d'expliquer cette publication tardive, on peut supposer qu'il s'agit d'un hommage discret au multi-instrumentiste Troy Donockley parti vers d'autres horizons, après plus d'une dizaine d'années de bons et loyaux services. Toutefois, si ce n'était pas l'intention première, Live In London n'en demeure pas moins le dernier disque du groupe avec Troy et, tout au long des titres qui se succèdent, ses instruments fétiches (cornemuse irlandaise, flûtes et bouzouki) n'ont jamais été mis autant en valeur.

Chaque album de ce genre est, en définitive, l'occasion de revisité le répertoire du groupe, et de se plonger dans son passé. Journey Into The Morn, sorti en 1995, est le disque le mieux représenté avec pas moins de quatre titres joués : Inside My Heart, au solo de guitare lumineux de Dave Bainbridge, digne héritier d'Andy Latimer, Encircling, chef d'œuvre musical absolu, Irish Day et Bi-Se I Mo Shuil Part 2, tous deux des invitations au voyage en terres celtes.

Les deux albums du nouveau millénaire, Open Sky et The Circling Hour, encore à paraître à ce moment-là, se retrouvent ex æquo avec trois titres chacun. Le désormais classique Woven Cord, porté par une rythmique d'enfer, ouvre admirablement le set. Il faut dire que Phil Barker à la basse et Frank van Essen aux batterie et percussions sont exceptionnels. Lui succède un Wave After Wave grandiose avec son introduction au violon jouée par ce même Frank, et chanté par une Joanne Hogg au sommet de son art. La verte Irlande est à nouveau conviée sur l'enchaînement Castlerigg / Reels. Le tout aussi celtique Wind Of The Lake laisse entendre le doux chant subtil de Troy, accompagné par Joanne, entre chaque solo de cornemuse, flûte et guitare électrique. L’envoûtant Factory Of Magnificient Souls devait donner son nom au futur nouvel album, mais "The Circling Hour" lui sera finalement préféré. Grâce à Strength, la voix de Joanne prend à nouveau toute son ampleur et c'est un pur régal.

Le passé lointain resurgit avec les extraits des albums Beyond These Shores et Iona. Treasure n'a pas pris une ride, Murlough Bay qui ferme le concert, est toujours aussi émotionnellement très fort, et Flight Of The Wild Groose demeure une pièce maîtresse du rock progressif digne des plus grands (Camel, Pink Floyd).  A cette incroyable collection vient s'ajouter l'inédit instrumental A Dhia Ghleigil joué par le duo Bainbridge / Donockley qui aurait eu toute sa place sur leur album commun When Worlds Collide

Un album de Iona, enregistré en studio ou sur scène, est une expérience unique. Live In London ne déroge pas à la règle. Les morceaux fleuves dépassant largement les dix minutes se marient à merveille avec les titres plus pop. Chaque musicien, animé d'une passion commune, livre une interprétation sans faute et c'est cette même flamme qui permet au groupe d'avoir ce son ainsi que cette atmosphère propres que l'on ne retrouve nulle part ailleurs.


Musiciens


Joanne Hogg : chant, claviers, guitare acoustique, percussions
Dave Bainbridge : guitares, claviers, bouzouki, programmation
Troy Donockley : uilleann pipes, low & tin whistles, bouzouki, guitare acoustique, chant
Phil Barker : basse
Frank van Essen : batterie, percussions, violon

Titres


1.01. Woven Cord
1.02. Wave After Wave
1.03. Inside My Heart
1.04. Wind Of The Lake
1.05. A Dhia Ghleigil
1.06. Factory Of Magnificent Souls

2.01. Encircling
2.02. Strengh
2.03. Treasure
2.04. Castlerigg / Reels
2.05. Irish Day
2.06. Bi-se I Mo Shuil Part 2
2.07. Flight Of The Wild Goose
2.08. Murlough Bay      

dimanche 8 novembre 2015

Caprice - Where You Go (2015)

Caprice Where You Go
Caprice - Where You Go (2015)
Et si la France avait (enfin) trouvé sa Patti Smith ou sa PJ Harvey ? Non pas sous la forme d'une unique chanteuse, mais sous celle d'un groupe, Caprice. 

Formé en 2006, en banlieue parisienne, par le guitariste Manu et le batteur François, Caprice s'est enrichi au fil des années avec les arrivées successives d'un second guitariste, Romain, de la chanteuse Hono(rine) et du bassiste Julien. Sous cette formation, stable depuis 2014, le groupe enchaîne les concerts et ne cesse de se perfectionner. En 2015, il sort son premier EP 5 titres, Where You Go, qui permet à tous ceux qui n'ont pas eu la chance de l'entendre en live, de le découvrir directement chez-soi, à domicile.

La première impression à son écoute est que toute l'énergie dégagée sur scène se retrouve intacte sur le disque. Rien n'a été perdu avec le passage en studio, bien au contraire. Puis, comme souvent, on cherche à rattacher ce que l'on écoute à ce que l'on connait déjà. Dès l'introduction de Dust, le premier morceau, la basse mélodieuse répondant à la froideur de la batterie évoque les grands couples rythmiques des années 80 comme Peter Hook/Stephen Morris (Joy Division, New Order), Steve Severin/Budgie (The Banshees) ou Andy Rourke/Mike Joyce (The Smiths). D'ailleurs, la guitare incisive de Romain n'est pas sans rappeler celle du Johnny Marr de la grande époque ou de Lenny Kaye, fidèle parmi les fidèles de Patti Smith. D'autres influences se laissent ressentir ça et là alors que les titres s'enchaînent. Impossible de ne pas penser à Noir Désir, une référence pour Manu, le principal compositeur, sur la chanson finale Et Caetera. Cette dernière a d'ailleurs la particularité d'être chantée intégralement dans la langue de Molière alors que pour les autres, la langue de Shakespeare a été préférée (à l'exception de quelques strophes d'un Hey You  proche de l'univers de PJ Harvey).

C'est d'ailleurs le chant féminin, d'une grande fraîcheur, qui attire le plus l'attention dans Caprice. Si la France a connu de très grandes chanteuses, parmi lesquelles Edith Piaf, Barbara ou Juliette Gréco, elles sont quasiment absentes de la scène rock. Catherine Ringer ou Muriel Moreno (époque Niagara) font figure d'exception. Où sont donc nos Janis Joplin, Patti Smith, Siouxsie Sioux, Chrissie Hynde, Deborah Harry ou PJ Harvey ? Hono et les siens réussiront-ils à s'imposer et à faire émerger un rock féminin made in France ? Sont-ils les précurseurs d'une nouvelle ère ? L'enjeu est de taille. Toutefois, une chose est sûre, avec Where You Go, Caprice est assurément sur la bonne voie. Vivement la suite !

Musiciens


Hono : chant
Manu : guitare, chant
Romain : guitare
Julien : basse
François : batterie

Titres


01. Dust
02. Queen Of Illusion
03. Where You Go
04. Hey You
05. Et Caetera

vendredi 6 novembre 2015

The Gathering - Sleepy Buildings (2004)

The Gathering Sleepy Buildings
The Gathering - Sleepy Buildings
(2004)
Sorti trois ans avant A Noise Severe, Sleepy Buildings de The Gathering est son total opposé.

Dans la forme d'abord, avec sa pochette sombre, obscure qui contraste avec celle de A Noise Severe sur laquelle se dégage de la scène une aura blanche. Si les deux disques sont des enregistrements en public, Sleepy Buildings est la captation d'un concert semi-acoustique donné à domicile, aux Pays-Bas, alors que A Noise Severe a été enregistré au Chili, avec tous les instruments bien branchés. De ce fait, le public n'est pas le même. En Hollande, il est confortablement assis dans des fauteuils, en position méditative face à un spectacle introspectif, alors qu'au Chili, c'est le déchaînement, il y a autant d'énergie sur scène que dans la foule. 

Le choix des titres diffère également. Alors que le set semi-acoustique a laissé de côté les deux dernières productions en date du groupe, l'EP Black Light District et l'album Souvenirs, et qu'il s'est aventuré dans la reprise de trois chansons de l'ère pré-Anneke van Giersbergen (The Mirror Waters et Stonegarden d'Always..., Like Fountains d'Almost A Dance), le concert du Chili revisite uniquement, mais de manière très complète, toute la période discographique avec la fabuleuse chanteuse. 

Car, en fin de compte, c'est elle, grâce à son extraordinaire voix, qui relie ces deux albums. Quelque soit le type de prestation choisie, cette voix cristalline si pure procure à foison frissons et autres plaisirs inavouables. Après son départ de The Gathering, elle gagnera encore en émotion et technicité. Elle n'est donc pas encore ici au summum de ses capacités. Pourtant, le résultat n'en demeure pas moins impressionnant.

Avec ses 72 minutes de musique, ses 14 titres dont la durée oscille entre 2'55'' pour l'inédit piano/voix Sleepy Buildings aux couleurs jazzy, et 9'08'' pour le majestueux Travel, Sleepy Buildings, l'album, est le parfait complément de A Noise Severe pour quiconque souhaitera avoir une vue d'ensemble sur la carrière de la formation hollandaise sans entrer dans le détail. Le yin et le yang en somme.

Musiciens


Anneke van Giersbergen : chant, guitare
Hans Rutten : batterie
René Rutten : guitares
Frank Boeijen : claviers
Hugo Prinsen Geerligs : basse

Titres


01. Locked Away
02. Saturnine
03. Amity
04. The Mirror Waters
05. Red Is A Slow Colour
06. Sleepy Buildings
07. Travel
08. Shrink
09. In Motion Part II
10. Stonegarden
11. My Electricity
12. Eléanor
13. Marooned
14. Like Fountains